具体音乐黑森林艺术展
Jérémy Chevalier的具体音乐和Eric Winarto的黑森林确实是两件风格迥异的作品,声学,视觉这样两件几乎是对立的概念的品却在两位艺术家的友情和他们严肃的承诺下相遇了。一个寻求一种关于时间流逝和旧档案的社会感官,另一个在作品中展示了一种对绘画本质体验的内在和外在的担忧。一个表现了创作过程艰难的推进!另一个表现了对作为画家的体验的挑战!艺术直指社会的自由合理性要如何与基要主义的主观性共处呢?是通过他们的自我超越,通过他们对外在形式和内在意味的要求,更是一种不可预知的碰撞!
Jérémy Chevalier是一个多才多艺的艺术家, 喜欢把唱片轻薄的聚乙烯材质改换成厚重的原材料:混凝土,一种沉重的,难以加工的,构成建筑的核心原料,却拥有能够储存,并如实反映其承载物的能力。这种沉重材质完全与其所发出的的轻微声响相反,甚至是声音传播的潜在性,他都是突然出现在我们的习惯之中,并植入一股可观的力量。这些沉重的混凝土唱片使表演者更容易感觉到疲惫并,因此而不得不开始思考我们的日常的每一个动作。这个看似无意义的举动也因此获得了意义。
关于Winato,他创造了一个人工的视觉世界,这个视觉效果或建立在黑色光线下的荧光背景上,或建立在阴影中的轮廓上,这些形态似乎是从一个无限大的,不可触碰的却又透着均匀光线的空间中喷射而出。这样的人造视觉世界向我们展示了一种单纯的生活,静止的世界也可以和运动中的世界一样美好。光线顺着树状火花结构边缘流泻而出,然而却从来不曾发光,十分迷人。这是艺术家对东方和模糊印象和对现代性的表达。
这两件作品的并列展放展示了当代艺术特有的维度和其不可回避性[1],其中关于形态、意味、技巧和材料的转变,意味着我们的习惯传统和世界观的转变。但是这远远超越了理性的东西,使他们在形式和富有深意的意味的诗一般现实中相遇。这两件作品,一件通过阻塞自然光线并用昏暗令人着迷的的萤火作为大背景,另一件作品中,印刻在混凝土石块上的音乐旋律缓缓流淌,通过这种出人意表的唱片设计的烘托,产生了直达人心的怀旧色泽。
在表现在他们对视觉和声音现实性的独特处理上,两件作品殊途同归,汇聚了一种文学性的迂回和使人着迷,使人迷失也使人狼狈的时间的流逝。
这两位艺术家的创作有着更广阔的视野。如果评论者可以找到一个专属空间进行全面视角的分析,则Eric Winarto和JérémyChevallier作品的特殊性以及作品之间的联系可以得到更充分自由的体现。我们所遵守的常理是完全不能满足这样的一次接触的。
Winarto的作品中反复使用的暧昧的表达方式阐释了关于生命的两种解读。线条忠实地表现了火焰(净化的,摧毁性的却也是光芒的创造者),带有象征意义的鸟儿(鸟目睹了人类的兴衰,火之鸟,鸟和“不好的祈祷”有关)以及关于无限的光明自然的传奇,然而无穷总是在阴暗的云雾之中,被昏暗的烟雾缭绕。这件作品中的光与影有着极多的象征,一种带着痛的悲剧感,但是同时也是自我之中的一种悲剧的力量与美[2]。生命的悲剧总是伴随着运动的出现(飞行,注视,神曲中但丁艰难的旅途,带领着我们从昏暗的selva oscura的激情的森林到达秩序的黎明和无限的爱。造物主的二元性在寓言中被庄重的表现出来,树木能被大风连根拔起,也能够耸立在天地之间。
Jérémy Chevalier的作品只能有一种阐释也只能被一些指数来证实。我们会想起他所作的充满灵感的壮丽篇章,可这篇章之中的一些字母却已被擦去,我们想要阅读,却不能阅读,艺术家通过这样的感受,把阅读不可还原的不明确性展现出来。我们同样的会思考这些向我们展示了风景和建筑物的视频,这些风景和建筑物似乎是被大雾或者是夜间暧昧不清的环境废弃了。所有的表达都与混凝土唱片有关,其中这声响展现了古老的时间,没有任何其他的形式,仅仅只是通过带着故乡意味的,令人信服的声音。此外,最让人吃惊的是这些如此沉重的唱片仅仅只是用废弃的音乐残自己重组而来。
对Jérémy Chevalier来说,混凝土明显地展示了墙的不可避免性,那些高高举起的,分离的还有令我们回忆起古老神话的,监禁的墙,这些都会被当代的世界盘点成为挥之不去的档案。但是我们必须知道,这些沉重的混凝土唱片展现了潜在的真实性,并呈现了且新的歌曲,但这种歌曲只是平淡无奇的工业复制。多么有趣的悖论啊!
我们可以在个人记录上找到这种悖论,持久的却是难以辨认的。这令人活跃的悖论要如何安置?原本的记录已经在重新创作的过程中被推翻了。这被推翻的丰富的存档到底还向我们表达了什么!
对着两个艺术家来说,这是一次考验,寻找那些隐形的,少有的,却又可以被领会的元素,以便仅仅保留其合理的,可分析的情感上的,精神上的和鲜活的价值。去掉光子的光而完全依靠黑色光线的不真实性,这便是影子的光芒,在烟雾中把建筑和物体的消除,在夜晚不确定的迷雾中进行音乐演出。这一切都是为了消除一种连续性以便解放曾经的信念,或者为了更加的明确的在回忆的反转中去寻找他存在的维度。在从画作的深处放射出的感应光中,在这先声音所发出的的遗憾中。在《创世纪》和《启示录》中看到的,不仅仅是艺术短暂的闪现和作品广阔的自反维度,也是作品本身的岁月痕迹和她的脆弱。但也许正是这种短暂的限定让我们认识到了长久的限定也体验到了为什么不去追求极致的永恒。
物理的和形式的变形和位置的移动总是反映着“思想”的远景,如同一种形而上学的变形。没有一种理论可以诠释,而仅仅只是从这些含义上掠过。
然而这个处在自然状态的画家表现的到底是什么呢?风景,宇宙中的一块碎片还是最终的混凝土唱片?不然这有象征意义的形式派生出的便是一段有生命的体验:一副内心的自画像,一种自身经验的植入,一种碰撞和一种最新的启航。
当然,这些评论不会改变作品的真实本质,也不是迷人的想象力无止境的告白。相反它是一种内在象征和外在形式不停息的交流,就像是树或是脸,我们可以在作品中遭到更深刻的意义。所有的这些迂回,这些支撑的移动,这些理念这些方式和这些材料都趋向于一种令人震惊的新生,一种前所未有,形而上学的史诗般的震撼。
但是回到那个形式和意味都远去的时刻,让我们重新回到仅仅只是静待视觉冲击的瞬间。回到作品身边慢慢的品味。
Marino Buscaglia, 2014年10月
[1]Paul Ardenne,艺术在当代,2003年,巴黎
[2]希腊著名悲剧家
Sur « Concrete Music & Blacklight Selva » à Wuhan, Chine
Les deux œuvres Concrete Music de Jérémy Chevalier et Blacklight Selva d’Eric Winarto bien que très différentes, acoustiques, visuelles et abordant des concepts qui pourraient presque sembler antagonistes, se rencontrent cependant dans l’amitié qui lie les deux artistes et dans la rigueur de leur engagement radical. L’un développant une intuition plutôt sociologique à propos de l’usure du temps et de l’archivage, l’autre engagé dans une peinture qui préoccupe de l’expérience fondamentale de peindre le monde et l’intime. Chez l’un la pénible multiplication des processus ! Chez l’autre la confrontation toujours avec l’expérience d’être peintre ! Comment une libre rationalité sociologique analytique de l’art et une subjectivité fondamentaliste peuvent-elles s’entendre ? Par leurs propres dépassements, par leur exigence de forme et de significations, par l’imprévisible!
Jérémy Chevalier, un artiste aux dons multiples, passionné de légers disques vinyles et qui les transpose dans une matière très pesante : le béton, lourd et difficile à manier, matière essentielle des architectures et qui reste cependant étonnamment adéquat pour le stockage et l’émission des sons enregistrés. Ce matériau transfiguré qui s’oppose de tout son poids à la légèreté sonore et même à la quasi virtualité de la propagation physique des sons, surprend nos habitudes et impose un effort considérable à ceux qui le manipulent. Les disques de béton fatiguent le performeur et obligent à réfléchir sur nos gestes les plus quotidiens. Cette métamorphose inutile est donc chargée de sens.
Le peintre Winarto crée, quant à lui, un monde visuel artificiel sur des fonds monochrome fluorescent activés en lumière noire, des fonds sur lesquels se profilent, en ombres chinoises, des formes qui semblent jaillir de l’espace lumineux homogène d’un intouchable infini, pour prendre une vie propre et affirmer l’immobilité du monde aussi bien que le mouvement. L’itinéraire imposé par cette lumière inversée qui borde des structures en forme de flammèches végétales sans pourtant jamais les éclairer, est envoûtant. C’est une démarche expérimentale très
personnelle faite de réminiscences orientales et de modernité.
La juxtaposition de ces deux expressions évoque des dimensions spécifiques et incontournables de l’art contemporain[1], dont la pratique des transferts de forme, de signification, detechnique et des matériaux désigne la dimension transitoire de nos habitudes, traditions et de vision du monde. Mais c’est en se dépassant infiniment ces rationalités qu’elles se rencontrent dans une réalité poétique de forme et de signification plus vaste. Les deux projets, l’un faisant obstacle à la lumière naturelle en lui substituant une fluorescence crépusculaire envoûtante venue des grands fonds, l’autre dont les airs de musique imprimés dans le béton acquièrent grâce à leur nouveau substrat comme une patine nostalgique qui arrive jusqu’à nous en s’arrachant à la pesanteur de ce support inattendu.
Le destin commun de ces deux œuvres, dans l’étrangeté surprenante de leur traitement des réalités visuelles et sonores, converge sur une poétique du détours et une confrontation avec l’usure du temps qui fascinent, émeuvent et déroutent.
Vision plus large de l’activité des deux artistes. La spécificité des œuvres d’Eric Winarto et de Jérémy Chevallier, ainsi que les rapports qui les lient, se livreraient plus aisément encore si le commentateur trouvait la place afin de les analyser dans la perspective de l’ensemble. Les lignes qui suivent ne sont que les bribes insuffisantes d’une telle approche.
La récurrence des expressions ambiguës établit chez Winarto une double interprétation des formes aboutissant à une double lecture de l’existence. La ligne reste constante de la mise en œuvre du feu (purificateur, destructeur mais aussi créateur de lumière), des oiseaux aux significations choisies (oiseau témoin du drame humain, oiseau en feu, oiseau lié à la « mauvaise prière » ), ainsi que le paradoxe d’une nature lumineuse à l’infini mais d’un infini très souvent obscurci de nuages, voire de fumées oppressantes. Autant de signes qui manifestent dans cette peinture d’ombre et de lumière, un sens profond et parfois douloureux de la
tragédie, mais aussi la force et de la beauté du tragique en soi[1]. Une tragédie vitale qui est toujours sous tendue par le mouvement (vol, regard, dur itinéraire de la Divina Commedia de Dante qui mène de l’obscure forêt des passions de la selva oscura, à l‘intuition de l’ordre et de l’amour universel. Une dualité créatrice qui se confirme dans les huiles envahies d’arbres douloureusement déracinés par le puissant souffle de vents naturels ou peut-être intimes et qui s’élancent dans l’espace en de majestueuses paraboles atmosphériques.
Que l’oeuvre de Jérémy Chevalier ne puisse être enfermée dans une seule interprétation est attesté par de nombreux indices. Que l’on pense à ses splendides pages de textes inspirés dont les lettres sont en partie gommées afin d’en rendre la lecture désirable mais impossible, comme si l’artiste voulait témoigner de l’irréductible incertitude de toute lecture. Que l’on pense aussi à ces vidéos qui montrent des paysages et des bâtiments qui sont comme abolis par la montée d’impressionnants brouillards ou encore à ces situations nocturnes ambigües. Toutes expressions qui sont liées au disque de béton dont la sonorité évoque des temps anciens sans vouloir les réanimer autrement que par quelques sonorités aux accents nostalgiques et convaincants. Et d’ailleurs quoi de plus paradoxal que ces disques si pesants et qui ne restituent que des relents de musiques abolies.
Chez Jérémy Chevalier, le béton évoque évidemment immanquablement les murs, ceux qui élèvent, ceux qui séparent, ceux aussi sur lesquels on peut saisir des mythes anciens, murs de l’enfermement, ceux enfin de l’archivage obsessionnel des inventaires du monde contemporain. Mais qu’on ne s’y trompe pas, les lourds disques de bétons échappent à l’exactitude des supports virtuels et libèrent un chant nouveau, un chant lavé de la banalité d’une répétition industrielle à l’identique. Quel paradoxe !
Un paradoxe que l’on retrouve dans ces empreintes de carnets personnels, pérennisés mais presque illisibles. A quoi s’ajoute ce paradoxe vivifiant. Le carnet d’origine est détruit par le processus de reproduction. Que dire de plus de cet archivage destructeur et pourtant fécond !
Pour ces deux artistes l’art est une épreuve dans laquelle ce qui pourrait être saisi est comme retiré, raréfié afin de n’en conserver uniquement ses valeurs rationnelles analytiques, émotives, spirituelles et vitales. Suppression de la lumière photonique pour se confier à l’irréalité crépusculaire de la lumière noire, une lumière par l’ombre, abolition des architectures et des objets dans des fumées, performance musicale dans l’indéfini du brouillard nocturne. Tout concours à nier les continuités, à se libérer des certitudes du passé, ou plus exactement à retrouver dans le présent ses dimensions existentielles dans le rebroussement paradoxal de son évocation. Dans cette lumière induite qui vient des profondeurs du tableau, dans ces sons émis comme à regret. Ce qui se voit entre genèse et apocalypse, c’est la fugace mise en œuvre de l’art, sa vaste envergure réflexive, mais aussi son usure, sa fragilité. Mais c’est peut-être cette finitude temporelle qui fait le mieux éprouver l’intense désir de durée et pourquoi pas le rêve désespéré d’éternité.
La transformation physique et formelle et le déplacement, réfèrent toujours, au lointain du « pensé », comme transfiguration métaphysique. Non pas une théorie dont on se ferait l’exégète mais un simple frôlement du sens.
Mais que sont donc ces éléments de nature peinte, le paysage, le morceau d’univers et finalement les disques de béton, sinon la forme symbolique dérivée d’une vie en expérience: un autoportrait intime qui montre, entre genèse et apocalypse, et comme tout autoportrait, l’abyme, la chute et l’envol derrière la surface..
Certes ces commentaires ne changent rien à la réalité concrète des œuvres, ni à l’inscription inlassable d’un imaginaire fascinant. C’est au contraire dans l’échange incessant entre les niveaux formels et les éléments symboliques, comme l’arbre ou le visage, que l’on peut trouver un sens plus pénétrant à ce travail. Tous ce détours, ces déplacements de supports, concepts, méthode et matériaux tendent vers un étonnement nouveau, une commotion poétique inédite et métaphysique.
Mais vient le moment où la danse des formes et du sens doit quitter les mots pour revenir au silence de la simple attention visuelle. Revenir aux œuvres pour les savourer longuement.
Marino Buscaglia, octobre 2014
1 Paul Ardenne, Art. l’âge contemporain. 2003, Paris.
2L’artiste est un grand lecteur de la tragédie grecque.